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Bagdad Café
Une journée qui avait mal commencé et qui m'a réservé quelques drôles de surprises...
Après une 4e nuit de bruit et de lumière dans la figure à l'auberge de jeunesse @25 de Chiang Mai (n'y allez pas), je me perds en essayant de trouver un raccourci pour la gare : une heure quarante de marche avec tous mes sacs sur le dos, tout ça pour économiser le tuk-tuk. L'avarice est parfois bien durement punie !
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, je profite de ce trajet pour découvrir les "contre-ruelles" et les "arrière-arrière-allées" de la nouvelle ville. Il est assez marrant de voir que les magasins sont organisés par genre : 500 mètres linéaires de détaillants d'équipement de jardinage, 700 mètres de revendeurs de guitare, une suite de boutiques d'articles divers en osier, des garages à ne plus savoir où l'on a déposé son véhicule, etc. Au moins, ils connaissent vite les nouveautés proposées par leurs concurrents !
Arrivé à la gare, on m'annonce qu'il n'y a pas de train. Ni direct, ni avec changement : ma ville de destination n'a pas (ou plus) de gare. Bon, je décide d'aller ailleurs, histoire de ne pas perdre ma journée, même si j'ai encore deux heures à attendre avant le prochain train. L'idée est d'aller à Lamphun, de laisser mes bagages à la gare, de visiter la ville puis de repartir dormir à Lampang, que je visiterais le lendemain.
À Lamphun, je découvre que la gare est au milieu de nulle part. Pour la première fois depuis que je suis en Thaïlande, pas le moindre tuk-tuk en vue, personne qui passe (et j'étais le seul à descendre du train à cet arrêt) : le Routard et le Michelin ont raison de spécifier que cette ville n'est pas encore envahie par le tourisme, c'est un bien doux euphémisme !
Pas de consignes à bagages. Le wifi ne fonctionne pas. Les agents ne parlent pas un mot d'anglais ou de français. On me fait comprendre qu'il n'y a plus de train pour Lampang avant demain, 6h50. Soit.
Je prends la première route venue, je tombe sur un motel bien vieillot, comme dans certains films américains. Années 70 pur jus, mobilier et peintures d'époque ! Personne ne parle anglais, mais j'arrive à avoir une chambre pour la nuit, spacieuse bien que vétuste, et pour moi tout seul, le luxe ! Enfin, tout seul, presque :
Il est plus de 16h30 quand je pars enfin découvrir la ville. Je dispose de peu de temps avant la nuit. Je m'arrête au Wat Sun Pa Yang Luang [voir galerie photo ici], très joli temple mais pas celui pour lequel je suis venu.
Sur le point de partir, je me fais accoster par une femme qui balayait les allées et qui me parle en thaï ; je ne comprends rien à sa langue, ni elle à l'anglais et pourtant, elle continue à me parler. Longuement. Elle insiste pour que je re-rentre dans chacune des parties du temple, que je fasse mes trois prosternations devant Bouddha, que je donne quelques piécettes en offrande : je finis par m'exécuter, mi-curieux, mi-résigné à lui donner ce qu'elle veut pour en finir au plus vite. Pendant ce temps, elle parle, parle et parle encore.
Comprenant qu'elle essaie gentiment de me faire partager quelque chose, je l'écoute et décide de m'installer faire un dessin dans le temple pour le lui donner. Ma prochaine visite attendra.
Un Thaï qui baragouine quelques rudiments d'anglais nous sert enfin de traducteur : elle veut m'emmener, là, maintenant, voir LE temple de la ville avec sa mobylette/petite moto. Il fait déjà nuit noire. Je lui donne le dessin inachevé, qu'elle refuse en me disant qu'il faut que je revienne le finir demain !
Elle m'emmène donc au Wat Phra That Haripunchai [voir galerie photo ici], considéré par les guides touristiques comme l'un des plus beaux temples du pays. Là, une interminable discussion s'engage avec de plus en plus de monde pour savoir où je loge (je ne connais pas le nom de l'hôtel, j'ai juste repéré comment y aller) et m'aider à résoudre un problème que je n'ai pas : savoir rentrer chez moi ! Je commence à m'amuser de cette situation ubuesque.
Ma "guide" m'entraîne ensuite vers un stand où elle me fait servir un verre de lait de soja chaud et sucré : les gens me parlent tous en thaï comme si je comprenais, et si j'ai le malheur de dire que je suis désolé mais que je ne comprends rien, ils répètent, une, deux, trois fois... Je souris, ne sachant que faire d'autre, et j'écoute ce flot de paroles incompréhensibles.
Ensuite, visite très guidée du temple... toujours en thaï, forcément ! Elle me fait répéter certains mots, sans que je puisse déterminer à quoi ils correspondent. Elle m'indique quand je dois prendre une photo (alors qu'il fait bien noir), quand je dois m'agenouiller, quand je dois éviter de faire du bruit, quand je dois m'extasier ("Beautiful! Beautiful temple." - Yes, very beautiful.)
Je crois que le clou du spectacle, c'est lorsque nous nous retrouvons en procession au milieu des bonzes qui font le tour du chedi (la partie du temple en forme de cloche). Pas de bol, nous nous sommes insérés juste derrière une tortue : ce moine va deux fois moins vite que les autres, et impossible de changer de file ! "Take picture" (là, au milieu des bonzes, en marchant et sans flash, quelle bonne idée !)
La visite se termine enfin : j'ai une quinzaine de photos floues, noires, incompréhensibles, du monument pour lequel j'ai fait un crochet par Lamphun... Il n'y a pas de raison que vous n'en profitiez pas un peu vous aussi :
Alors que j'aurais bien visité la vieille ville by night (et tout seul...), ma bonne samaritaine décide qu'il est l'heure de me ramener à mon hôtel. Je sens que refuser serait blessant : c'est elle qui a pris les choses en main et qui m'a mené loin de mon hôtel, elle se fait donc un devoir, apparemment, de s'assurer que je rentre sain et sauf. Nous échangeons finalement mon dessin contre son pendentif de Bouddha ("I many many", comprenez "j'en ai beaucoup d'autres"), des khop k'oun kh'rap de remerciement et me voilà de nouveau à l'autre bout de la ville... que je ne verrai donc pas puisque je prends mon train demain matin !
En somme, c'est raté pour la visite, mais quelle rencontre ! Merci Son pour ce moment mémorable. Lost in translation but clearly not lost in Lamphun.
Tags : temple, rencontre, Son, mobylette, moto, soja, motel, Lamphun
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Commentaires
2P-AMardi 24 Janvier 2017 à 22:133ClaudeMercredi 25 Janvier 2017 à 09:18L'apprentissage d'une langue étrangère par imprégnation était très à la mode il y a quelques années... tu aurais peut-être du rester un peu plus longtemps ? Belle rencontre en tout cas ! Continue à nous faire rêver. Bises
4DelphineMercredi 25 Janvier 2017 à 12:20Coucou Pierre Yves,
On suit toujours tes aventures avec impatience ici.
On a tellement envie de découvrir ce merveilleux pays nous aussi,que nous achetons par plusieurs paquets les nems de traditions d'Asie (et oui c'est le nouvelle an chinois !) car parmi l'un d'eux se cache un coq de feu qui permet de gagner un fabuleux séjour en Thaïlande.
Tout ce que on découvert pour l'instant c'est que Quentin est du signe du cochon. Ce qui bizarrement ne lui a pas fait plaisir du tout...
A très vite pour lire la suite de tes péripéties...
BIses
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Vendredi 27 Janvier 2017 à 10:35
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5MoniqueVendredi 27 Janvier 2017 à 18:42Coucou Pierre-Yves
Je viens de lire ta visite du temple ,quelle patience, tu as vraiment la "zen " attitude...prends soin de toi et continues à nous faire rêver ( à distance )
des bisous de deux aventuriers Creusois..6EudesMercredi 1er Février 2017 à 23:04
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Trop drôle, t'es d'une de ces patiences!!